Beaux Arts Trio joue Brahms et Ravel (1960)

Là où certaines collections d’archives jouent – magnifiquement – la sécurité absolue, saluons la nouvelle parution de Hänssler Classic dans la série Festival de Schwetzingen. La ligne éditoriale : de grands artistes dans leurs marges. Après Richter jouant Gerschwin, et les Amadeus délaissant Beethoven pour Britten, on commence l’écoute de cet album par Ravel, dont le Beaux-Arts Trio n’a laissé qu’un seul enregistrement en studio. Fascinant fini instrumental qui traverse l’interprétation, et autorise une grande subtilité des couleurs (le violoncelle de Greenhouse dans le premier mouvement, l’indicible beauté de ses phrasés). Le mystère imprègne le mouvement lent, avant un final d’une puissance symphonique. A comparaison, le Brahms est expédié comme un tube tellement ressassé que les musiciens n’ont plus rien à y prouver. Résultat ? Une prise de risque maximale, sous la direction tonique de Pressler, pas d’épanchement romantique, un soupçon de mélancolie à peine. Inhabituel mais passionnant. Les live du Beaux-Arts Trio, dans sa plus glorieuse formation qui plus est, sont plutôt rares. Ne ratez pas ce disque, à classer à Ravel. (Olivier Gutierrez)