Dvorák : Stabat Mater. Rilling.

Fervent catholique, Dvorak qui fut organiste de métier avant d’être un compositeur célébré, composa peu de musique sacrée (dont un Requiem et un Te Deum) mais il donna naissance à des œuvres profondes et ambitieuses. Ainsi ce Stabat Mater qui fut écrit en 1877 à la suite d’une tragédie familiale : la perte coup sur coup de ses trois enfants. Œuvre qui tient autant de la fresque grandiose que du journal intime. Dvorak y introduit une grande diversité de sentiments (hommages à sa foi catholique, au pays, à sa famille), des interventions solistes sur le modèle du requiem de Brahms ; et une variété de formes : chorals, fugue, pastorale, suivant le schéma de l’oratorio. Chaque mouvement est relié à par des motifs mélodiques et une même souche harmonique et l’œuvre se développe en arche suivant une évolution très programmée en un long crescendo. Helmut Rilling n’est pas un chef impérieux et brutal. Il impose une battue souple et jamais métronomique. Sa direction et tenue, fluide et réfléchie. Aidé d’excellents chanteurs qui s’intègrent parfaitement dans le flux orchestral et d’un chœur qu’il maîtrise avec une sureté exemplaire, il rehausse le caractère humble et généreux de l’œuvre en respectant la cohésion des dix mouvements pour en faire avant tout un message de foi universel. (Jérôme Angouillant)