Emile Pierre Ratez : Exhibition, œuvres pour alto et piano. Murawski, Holeska.

Le compositeur Emile Pierre Ratez est complètement ignoré aujourd’hui. Né en 1851 à Besançon, il fait ses études à Paris auprès de Massenet, devient altiste à l’orchestre de l’Opéra-Comique puis termine sa carrière musicale comme directeur du Conservatoire de Lille. Carrière aussi peu glorieuse qu’elle fut documentée. Cette sélection d’œuvres pour alto (et piano) publiée par un label au nom prédestiné (L’Acte Préalable) et interprété par un duo polonais, est un début de monographie. On découvre une musique de salon provincial, étanche à la modernité, agréable à écouter, et très certainement à jouer. Les “”Pièces pittoresques”” op. 8 distillent le charme anecdotique de tableautins dénichés dans une brocante. Quelques pastilles s’élèvent au rang de pièces de musée (Le cœur du poète, Adieu !) La “”Danse Tudesque”” fleure bon le folklore régional. Musique à programme très en vogue à l’époque, dans le genre des “”Tableaux d’une exposition”” composés aussi en 1874, avec ses affects intimes et ses références aux formes classiques. Les deux pièces “”Elégie”” et “”Rondo”” de l’opus 38 sont plus roboratives, malgré le rugueux contrepoint du “”Rondo”” asséné par les deux interprètes. Enfin la Sonate op. 48 plus tardive, de facture empâtée mais d’une expression raffinée, rendue largement grâce à l’écriture idiomatique de la partie d’alto. Pianiste et altiste survolent avec zèle ces partitions sans ambitions mais de bonne tenue. (Jérôme Angouillant)