Classique discussion passe-temps entre mélomanes : Franz Lehar, compositeur d’opera dans la lignée du Singspiel, ou précurseur de la comédie musicale, voire de la musique de film ? Pilier de l’univers lyrique viennois depuis des décennies, Ulf Schirmer apporte une réponse sans ambiguité : il respire large, avec un sens inné du rubato, et détaille avec gourmandise une orchestration luxuriante. Aux premiers plans, des voix tout sauf légères, à commencer par Nikolaï Schukoff, pur mozartien tôt égaré dans des rôles trop lourds pour lui (jusqu’à Siegfried !). Le timbre a perdu ses couleurs, la voix sa souplesse. Ce chant déclamatoire donne à Octavio une vaillante toute militaire, mais le lyrisme ? Face à lui en Giuditta, Christiane Libor démontre une solide technique de soprano lyrique, medium de velours, et quelques jolis aigus filés. Mais ce couple n’est jamais réellement émouvant, Richard Tauber et Jarmila Novotna, créateurs des rôles, restent inégalés. Giuditta fut représentée pour la première fois en 1934. Quatre ans encore, et ce sera l’Anschluss. Lehar met un point final – et triomphal – à son œuvre. Es war ein Traum… Sur ces mots, scène 5, Octavio s’efface, et avec lui une certaine civilisation austro-allemande. (Olivier Gutierrez)
Lehár : Giuditta, opérette. Libor, Schukoff, Scherwitzl, Simon, Schirmer.
Franz Lehar (1870-1948)
Giuditta, opérette en 5 tableaux
Ralf Eger
Christiane Libor
Laura Scherwitzl
Nikolai Schukoff
Ralf Simon
Peter Mauro
Christian Eberl
Rupert Bergmann
Chœur de la radio bavaroise
Orchestre de la radio de Munich
Ulf Schirmer, direction
35,90€
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