Mendelssohn : La Musique de Scène. Bernius.

A part les disques de Christoph Spering (réédités chez Brillant) on ne connaissait pas de version disponible de la musique de scène complète de Felix Mendelssohn. Paraît donc son pendant, sous la forme d’un coffret : le Songe d’une nuit d’été, Antigone et le plus rare Oedipus in Kolonos dans la version de Frieder Bernius (livret complet inclus). L’ouverture du Songe fut composée à dix sept ans par Mendelssohn, enthousiasmé par la pièce de Shakespeare. Friedrich de Prusse l’invita bien plus tard à composer la musique de scène de la pièce, ainsi que deux autres schauspielmusiken d’après Sophocle : Antigone et Oedipe. La redécouverte par l’archéologue Winckelmann de la civilisation grecque (statuaire et tragédies) y fut pour quelque chose. Bernius a fait appel, outre sa fidèle équipe de Stuttgart (choeur et orchestre), à des récitants dont l’exquise Angela Winkler qui personnifie Antigone comme seule une véritable actrice de théatre peut le faire. Sa voix si particulière allie merveilleusement retenue et projection. Les deux œuvres Antigone et Oedipus n’ont pas la hauteur de vues du Songe, Mendelssohn recycle son art de la mélodie en faisant alterner marches et cantilènes, chantées par un choeur homogène largement mis a contribution et dont l’apport essentiel est le sens des nuances et une belle délicatesse. L’orchestre parfois un peu démonstratif et sévère, oriente et rythme la narration. L’écoute du Songe d’une nuit d’été s’avère bien plus excitante. Bernius déploie dans sa direction une fantaisie et un plaisir évidents. L’orchestre est aérien, délesté de toute pesanteur. Le choeur rebondissant. Le thème du Scherzo, la marche des elfes et l’intermezzo sont des modèles de dextérité et de finesse. L’emballements de cuivres, le friselis des violons, la ferveur des chanteurs et des récitants nous entraîne sur la scène aux côtés des personnages. Beau programme donc et dans une interprétation de haute volée. (Jérôme Angouillant)