Reger : L’œuvre pour orgue, vol. 3. Weinberger.

Max Reger (1873-1916), nait deux ans avant Ravel et meurt deux ans avant Debussy. Ce troisième volume de son œuvre d’orgue, paraît pour le centenaire de sa mort. Il rassemble des pièces composées entre 1900 et 1905, période qui a suivi celle où il fut professeur de composition à Wiesbaden d’où il revient malade et dépressif. Il épouse en 1902 Elsa von Bercken qui sera un vrai soutien ce qui lui permet d’entamer une période où il composera sans répit redoutant une mort qu’il pressent ce qui se traduit par cette immense richesse de son écriture. A la première écoute on reconnaît ses talents de compositeur qui admire Bach et Brahms. Au premier abord, sa musique paraît sombre, tortueuse, pleine de méandres harmoniques, mais aussitôt le choc absorbé, ce sont des harmonies rares, claires et chatoyantes qui marqueront l’auditeur un peu attentif. Pour le connaisseur, l’interprétation donnée par Gerhardt WEINBERGER est remarquable par la justesse des registrations et le « délié » juste suffisant pour faire ressortir les thèmes et modulations. Reger a connu les instruments que touche G. Weinberger et aurait même conçu la composition de l’orgue Wilhelm SAUER de Bad Salzungen. Après avoir enregistré les douze pièces op 80, G. Weinberger nous offre ici l’op. 52. Assez courtes, elles évoquent cependant Liszt et évoquent pour l’orgue allemand ce que sont les « 24 Pièces en style libre » de VIERNE, comme par exemple l’Intermezzo. A noter la Toccata et la Fugue séparées mais qui se font suite. Romanze en la mineur est une transcription pour harmonium ! Introduction et passacaille en ré mineur clôt le second CD en laissant l’auditeur dans l’attente d’une suite… Au final c’est une musique certes savante, mais enveloppante, voire « confortable » où rien ne paraît académique ou excessif. Reger nous communique grâce au talent de G. Weinberger, une chaleureuse expression d’une vie intérieure qui semble avant tout généreuse. Ce troisième volume est un régal total et sans doute utile pour les corps malmenés par une vie trépidante et qui souhaitent un apaisement pour le plus grand plaisir auditif. Avec un bon fauteuil et deux bonnes enceintes, ce sont trois excellentes raisons pour écouter sans modération ce troisième volume de l’œuvre d’orgue du maître bavarois (sans oublier les deux précédents volumes par le même organiste). (Jean Bacot)