Reger : L’œuvre pour violon et piano – Intégrale des sonates pour violoncelle. Wallin, Pöntinen, Korupp, Meister.

Musicien complet et prolixe, arrangeur et transcripteur de génie, Max Reger a honoré tous les genres de musique de sa féconde énergie créatrice. Son abondant catalogue est plutôt consacré à l’orgue (Son instrument de prédilection) et à l’orchestre. La musique de chambre embrasse toute la carrière du compositeur mais demeure peu enregistrée. CPO a eu l’heureuse idée de réunir en un seul coffret l’intégrale des sonates pour violon et pour violoncelle. Sur le plan musical, les premières sonates ne s’affranchissent pas d’un certain climat Brahmsien bien que l’intention purement formelle y soit déjà prégnante. Bientôt, l’obsession de la structure et du développement (de multiples formes à variations) l’emportera souvent sur l’expression romantique. Les sonates sont aussi pratiquement toutes en quatre mouvements, signe d’un conservatisme assumé. La plus fantasque Quatrième (dite Schimpfsonate : sonate des injures) relève d’une inspiration “”Sturm und Drang”” étayée par le fait que Reger était la proie favorite des critiques peu sensibles à la personnalité du musicien. La sonate suivante comporte une fugue (Reger était un fervent contrapuntiste) tout comme la petite suite dans le style ancien, petit bijou de raffinement. Les petites sonates 6 et 7, écrites par un Reger vieillissant, sont à vocation pédagogique (comme Bach à son époque) quant à la Huitième et Neuvième elles sont plus fournies et témoignent d’un travail de dialogue instrumental quasi orchestral. Sur les sonates pour violoncelle et piano, d’un achèvement et d’un équilibre souverains (La très belle sonate Opus 116), plane l’ombre des maîtres de Reger : « Je ne cherche rien d’autre qu’à les prolonger en cultivant leur style » avouait humblement le compositeur. Rien à redire sur l’interprétation parfaite des quatre interprètes, les meilleurs dans leur genre (Ulf Wallin, Roland Pontinen, Reimund Korupp, Rudolf Meister). Prise de son limpide et aérée. (Jérôme Angouillant)