Schubert : Messe en la bémol. Rilling.

Après un groupe de 4 messes “de jeunesse” écrites entre 1814 et 1816, Schubert mit en musique encore à deux reprises le texte sacré, la dernière fois l’année même de sa mort précoce en 1828, avec la Messe en mi bémol majeur, et pour l’œuvre en la bémol majeur enregistrée ici, entre 1819 et 1822. La genèse de cette œuvre correspond donc aux “années de crise” qui vit naître entre autres le Quintette “la Truite”, la symphonie dite “Inachevée”, l’opéra Alfonso et Estrella ou la Wanderer-Fantasie, qui toutes expérimentent à leur manière l’élargissement de la forme et l’intensification expressive. La Messe en la bémol participe également de cette évolution, notamment par une orchestration étoffée jusqu’à des dimensions symphoniques surtout dans l’effectif des instruments à vents, et par les dimensions mêmes de l’oeuvre. Schubert révisa profondément sa partition avant de la dédier en 1826 à l’Empereur François Ier et à son épouse, dans le but de solliciter l’attribution d’un poste à la Cour, et “gomma” pour flatter le goût réactionnaire du monarque tout ce qui pouvait sembler trop profane par endroits. Cette version “assagie” garde de nombreux charmes, même si l’Empereur y resta sourd. Cette Messe n’est arrivée jusqu’à nous que grâce à une copie des deux versions réalisée par Ferdinand Schubert, frère aîné du compositeur et conservée par lui après la mort de Franz. Un aperçu de ce travail de révision est donné par la première version de la fugue qui clôt le Gloria en bonus de la belle interprétation d’Helmut Rilling à la tête de l’Oregon Bach Festival Chorus & Orchestra. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)