Taneiev : Quintette, quatuor et trio pour piano. Zassimova, Breuninger, Heichelbech, Loercher.

Elève de Rubinstein et de Tchaikovski, puis ami de ce dernier avant de devenir le maître de Scriabine, Rachmaninov et Glière, Serge Taneiev assure au sein du romantisme russe la transition entre les grands pionniers du XIX° siècle et les maîtres du XX°. Mais coincée entre tous ces géants, son œuvre est restée dans l’ombre, ce qui est une réelle injustice. Car au delà de son érudition et de sa culture illimitées, Taneiev est un compositeur de grande envergure. Pour vous en convaincre, écoutez ce superbe panorama de sa musique de chambre qui regroupe ses trois grandes pages avec piano écrites au début du XX° siècle. Une écriture parfaitement maîtrisée et un sens de la construction très original ne font pas obstacle à un lyrisme torrentiel et à une imagination mélodique d’une inépuisable générosité. Sommet de cet album, le gigantesque quintette s’inscrit dans la digne descendance de ceux de Schumann, de Brahms voire de Franck, ce qui n’est pas peu dire. Pour rendre hommage à ces œuvres authentiquement inspirées, la jeune équipe réunie autour de la (ravissante) pianiste russe Anna Zassimova nous immerge dans un post-romantisme puissant qui culmine dans le quintette opus 30, chef d’œuvre de Taneiev, et même chef d’œuvre tout court. Somptueuse découverte, qui offre l’occasion de réévaluer un grand compositeur qui ne fut pas seulement un grand professeur. (Richard Wander)