Weinberg : Trio pour piano – Sonates pour violon – Sonate pour contrebasse. Blumina, Blacher, Moser.

Existence difficile que celle de Mieczyslaw Weinberg : né en Pologne en 1919, il fuira les persécutions nazies en s’exilant en URSS où il souffrira également de l’antisémitisme. C’est grâce à l’amitié indéfectible de Chostakovitch qu’il échappera aux purges staliniennes et bâtira une oeuvre immense encore largement méconnue. Si la sonate pour contrebasse seule reste un simple exercice de style qui explore le potentiel d’un instrument peu joué en solo, les deux autres oeuvres enregistrées sont d’une toute autre ambition. Le premier mouvement du trio multiplie les climats : marche sarcastique au piano accompagnée par les cordes fortissimo, section en pizzicati puis un étonnant épisode jazzy ! L’adagio qui suit est d’une émotion rare,avec un chant éperdu de violoncelle et de violon à la hauteur des plus grandes oeuvres de Chostakovitch. C’est au contraire une grâce toute schubertienne qui habite la sonatine pour violon et piano. Le mouvement lent basé sur une sublime mélodie hébraïque est là encore d’une émotion sans pareil. Comme la prise de son et l’interprétation sont à la même hauteur, voici un disque à ne pas manquer pour découvrir sans doute le troisième grand nom de la musique russe du XXe siècle, avec Chostakovitch et Prokofiev. (Denis Jarrin)