Winds and Pipes : Musique pour ensemble symphonique de vents et orgue. Beilschmidt, Clamor.

Ce CD est, disons le tout net, sans intérêt. Faisant fi de toute mise en perspective historique sérieuse, de toute considération musicologique informée et cohérente, il juxtapose des pièces d’époques très diverses (on passe du XVIe siècle vénitien au XXe siècle via Bach) dont certaines sont des transcriptions ou des arrangements discutables, et traite toutes ces œuvres de la même manière. Comment oser prétendre qu’on restitue les compositions polyphoniques conçues par un Gabrieli pour la basilique Saint Marc, quand on met à contribution un orgue plus ou moins néoromantique, et un ensemble de cuivres et de vents modernes ? Si l’art de la Fugue a pu être considéré comme un chef-d’œuvre de musique “”abstraite”” jouable sur maints instruments, qu’apporte à Bach la grandiloquence creuse et vaine qui préside aux extraits interprétés ici par une grosse harmonie ajoutée à l’orgue évoqué ci-dessus ? Le livret insipide en anglais et en allemand qui accompagne ce CD répète à satiété la même antienne : la musique d’orgue est faite pour remplir l’espace, et elle le remplit encore mieux quand on lui ajoute un orchestre de vents et de cuivres bien fourni ! Certes, certaines des œuvres données ici (celle de l’organiste et compositeur F.Peeters, celle de Th. Trachsel par exemple) ont été spécifiquement composées pour cet “”instrumentarium””, mais elles accumulent les poncifs, les effets sonores faciles, sont d’une désolante platitude, quand elles ne versent pas dans le kitsch et le mauvais goût. À fuir ! (Bertrand Abraham)