Beethoven : Les 9 Symphonies. Gielen.

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 1 en do majeur, op. 21
Symphonie n° 3 en mi bémol majeur (Eroica), op. 55
Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 36
Symphonie n° 7 en la majeur, op. 92
Symphonie n° 4 en si bémol majeur, op. 60
Symphonie n° 8 en fa majeur, op. 93
Symphonie n° 5 en do mineur (Destin), op. 67
Symphonie n° 6 en fa majeur (Pastorale), op. 68
Symphonie n° 9 en ré mineur (Chorale), op. 125

Orchestre symphonique de la SWR de Baden-Baden et Fribourg
Michael Gielen, direction


Format: 5 CD
Release date: 14/5/2012
UGS : 4010276025078 Catégories : ,

57,90

Le legs de Michael Gielen dans Beethoven sous étiquette Hänssler possède d’évidentes qualités : bénéficiant d’une formation valeureuse (l’orchestre de SWR Freiburg
Baden Baden) Gielen, compositeur lui-même, s’approprie naturellement la musique du compositeur. Pure idiosynchrasie. Son parcours d’interprète se calque sur sa démarche de compositeur . Il explique ainsi son rapport avec l’oeuvre symphonique de Beethoven : «Interpréter Beethoven est devenu mon objectif essentiel dans la vie». Il revient sur ses choix de tempi radicaux : «Il n’est pas vrai que je n’ai pas tenu compte des indications de tempo de Beethoven, au contraire je les ai suivi à la lettre!». Tempi rapides préconisés par Beethoven et très difficiles à tenir pour les chefs qui s’en préoccupent. Mais Gielen, « futuriste » à bien des égards, préfère impulsivité et vitesse au tempo mou (sluggish) dépourvu de tension et de sens. Sa vision de Beethoven est bien contemporaine. Il s’emploie de façon analytique à distinguer chaque voix intermédiaire tout en maintenant coûte que coûte le débit du discours. Les tempi sont haletants, le flux inextinguible. L’orchestre est souvent mis à rude épreuve. Voir comment il prend à bras le corps la marche funèbre et la fugue de l’héroïque. Le panthéisme préromantique de la Sixième lui échappe et il en souligne plutôt les contours et en resserre les textures sans laisser échapper le moindre oiselet des mailles du filet. Il concède un majestueux et lent (oui!) andante qui prend le temps de ruisseler. Et surligne de sa battue la qualité de chaque pupitre. Cuivres et bois en particulier. Une Septième extraordinaire, toute en os, en muscles et en nerfs. On arrive à la Neuvième, survoltée, au bord de la tachycardie. Gielen gommant les contrastes et forçant l’allure, les mouvements s’enchaînent jusqu’au choeur final où solistes et choeur n’en peuvent mais. Corollaire de cette lecture singulière, assez proche de la course de fond (c’est une intégrale) voire pour certains mouvements, du sprint ; c’est de manquer de respirer. De laisser l’auditeur à bout de souffle. On entend défiler, sans pause ni soupir, du Beethoven taillé à la hâche et découpé savamment. Gielen matérialise la musique, comme l’artisant compagnon décline son art. Comme le boucher embellit par sa découpe le morceau de carne. Comme le forgeron annoblit le fer, le transformant en miel. Alchimie musicale qui unit les éléments : chef – orchestre – acoustique, sans oublier l’auditeur au bout de la chaîne. Step by step, de la première à la neuvième marche, on mesure la poigne du chef, l’amplitude de son geste et sa volonté d’accaparer l’orchestre. Une vision d’un classicisme incisif, fruit de l’art consommé d’un chef, témoignage du parcours exemplaire d’un compositeur interprète. Ce coffret ravira les amateurs d’une nouvelle intégrale des symphonies de Beethoven, à la fois révolutionnaire par sa radicalité et dogmatique par sa pensée (fidèle aux textes et au message de l’oeuvre). C’est bien le cœur et l’âme de Beethoven que l’on entend ici. (Jérôme Angouillant)

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