Dans le cadre de la monumentale entreprise discographique consacrée depuis plusieurs années par l’organiste F. Flamme à la musique d’orgue baroque d’Allemagne du Nord — ce volume XI nous propose, d’une part les œuvres de Michael Praetorius (cd1), d’autre part (cd 2) des pièces de compositeurs beaucoup moins connus — pour certains d’entre eux nés au XVIe siècle —, très peu enregistrées jusqu’ici ou même inédites. Ce second disque est une petite merveille tant par le choix des pièces que par leur interprétation : pas de chefs-d’œuvre inoubliables, mais des morceaux courts qui, à eux seuls, forment une anthologie des formes et des ressources rhétoriques d’une musique représentant un état encore précoce de ce qu’on a, beaucoup plus tard, appelé “musique baroque” : œuvres déjà solidement charpentées et qui en même temps foisonnent d’idées. On appréciera particulièrement les variations de choral enregistrées ici, qui constituent parfois des balises surprenantes sur le chemin qui mène à l’Orgelbüchlein de Bach. Un magnificat de Johann Bahr étonnant de délicatesse, petit joyau très ciselé, avec de beaux effets d’échos, servi par une registration inventive et un jeu clair et précis. Les compositions d’Andreas Werckmeister dans lesquelles le profane et le sacré se mêlent ont vraiment quelque chose de singulier. En revanche, — et c’ est bien dommage — si F. Flamme nous donne, dans le cd 1, des “chorals fantaisies”, des variations sur le “Wir glauben all an einen Gott”, et des hymnes latins qui forment l’œuvre de Michael Praetorius une lecture fluide et allante, son interprétation reste trop sage, trop horizontale. C’est propre, correct, mais cela manque de relief, de respiration. Faute d’une articulation suffisamment affirmée, l’architecture des chorals est quelque peu aplatie. L’ensemble n’est pas assez ciselé, tranchant, projeté. Et, surtout, la registration reste trop uniforme. Dans le même répertoire, le disque de Jean-Charles Ablitzer est autrement plus convaincant : un ton qui s’impose d’emblée, davantage de hauteur, de saveur, une mise en forme et en volume vraiment magistrale et variée. Une science de l’attaque et de la couleur (registrations extrêmement bien pensées) qu’on n’a malheureusement pas ici. (Bertrand Abraham)
Praetorius : Intégrale de l’œuvre pour orgue. Flamme.
Michael Praetorius (1571-1621)
Christ, unser Herr, zum Jordan kam
ein feste Burg ist unser Gott
Wir glauben all an einen Gott
Nun Lob, mein Seel, den Herren
Alvus tumescit virginis
A solis ortus cardine
Summo parenti gloria
Vita sanctorum
O lux beata Trinitas
Te mane laudum carmine
Hieronymus Praetorius (1560-1629)
Magnificat primi toni
David Abel (1580-1639)
Prélude en ré
Johann Bahr (1620-1670)
Magnificat
O lux beata Trinitas
Wilhelm Karges (1613-1699)
Prélude en mi
Capriccio en sol
Fantaisie en ré
Allein Gott in der Höh sei Ehr
Vater unser Himmelreich
O Mensch, bewein dein Sünde groß
Petrus Hasse I (?1575-1640)
Praeambulum pedaliter en fa
Allein Gott in der Höh sei Ehr
Melchior Woltmann (?1580-1642)
Von Gott will ich nicht lassen
Jakob Bölsche (?1635-1684)
Praeambulum en mi
Andreas Werckmeister (1645-1706)
Canzona en la
Canzonetta en ré
Prélude en sol
Petrus Hasse II (?1659-1708)
Prélude en ré
Friedhelm Flamme, orgue
41,90€
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.