La première moitié du dix-huitième siècle voit naître deux phénomènes musicaux dont les effets sur l’auditeur semblent se compenser : alors que le langage tonal achève de se stabiliser, l’essor de la facture et de la composition instrumentales s’illustre notamment dans leur diversification. La régularité formelle et harmonique du premier style galant dont Telemann se fit l’ambassadeur tant apprécié peut ainsi échapper (parfois de peu) à la monotonie grâce à l’attrait des timbres, dans leur individualité comme dans leurs relations (tels des tons dans la peinture). Avec Vivaldi et Boismortier, Telemann fut de ceux qui réussirent le mieux à renouveler leur charme et leur séduction en expérimentant de multiples configurations sonores. Le programme proposé s’articule en deux parties s’opposant par leurs caractères et leurs climats. Les trois premiers concertos se conforment à l’image la plus répandue de la musique de Telemann: solaire, vigoureuse, festive ou solennelle, d’une expression un peu extérieure. Les trois suivants, chambristes, plus intimistes et plus profonds, découvrent des délices de subtilités, l’auteur de quatuors pour 4 violons s’y révélant aussi fin harmoniste qu’honorable contrapuntiste (magnifique fugue introductive du concerto pour 2 flûtes à bec, 2 haubois, 2 violons et basse). Le suave et parfois mystérieux concerto pour flûte, hautbois et viole d’amour, dont le regretté Christopher Hogwood révéla les beautés il y a trente ans, montre une physionomie plus “”moderne””, tournée vers le pré-classicisme et l’Empfindsamkeit, expression nuancée de la sensibilité, où la mélodie (ici d’une grâce aérienne) est désormais souveraine. La Stagione Frankfurt dont ces “”Concertos pour instruments mêlés”” prouvent l’étendue des facultés nous offre un premier volume très prometteur. (Pascal Edeline)
in Early Music Today (Jun, 2017)
The concerto for mixed (or multiple or several) instruments is a fascinating musical sub-genre that has been curiously sidelined in the history books. Yet by allowing composers to experiment with all kinds of instrumental colours, it has produced some of the most striking and attractive music of the 18th century – from Bach’s Brandenburgs at one end, to Mozart’s flute and harp concerto at the other. That Telemann was among the most skillful and prolific composers of such concertos is evident from La Stagione Frankfurt’s latest series of recordings. Bringing these works together on disc, possibly for the first time, really underlines their astonishing variety.
Telemann’s renowned ability to mix elements …
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