Rudorff : Symphonie n° 3. Beermann.

Aujourd’hui bien oublié, Ernst Rudorff fut une figure majeure de la vie musicale berlinoise du 19° siècle. Elève de Reinecke qui le plaçait plus haut que ses condisciples Grieg ou Sullivan, il est l’exemple de ces musiciens ancrés toute leur vie dans le langage de leur jeunesse. Ses variations sur un thème original de 1875 créées par la philharmonie de Berlin sous la baguette de Joachim en 1887 seulement s’inspirent des célèbres variations sur un thème de Haydn de Brahms, mais restent assez conventionnelles. Quant à sa dernière symphonie de 1911 elle évoque plus Tchaikovsky ou les danses slaves de Dvorak dans son finale que Brahms, et reste imperméable aux évolutions du langage musical en ce début de 20° siècle. Sans apporter de révélation majeure, la découverte de ces deux pages enrichit notre connaissance du terreau musical dans lequel grandissaient de leur côté Mahler ou Strauss. Une fois encore on tire son chapeau au travail de CPO et de Frank Beermann, infatigable défricheur du répertoire inconnu. Des œuvres plaisantes dans une interprétation irréprochable ; de la belle ouvrage donc qui rappelle que l’histoire de la musique n’est pas constituée que de grands génies mais aussi d’une estimable cohorte d’artisans consciencieux. (Richard Wander)