Anne Hunter’s Salon. Haydn : Mélodies anglaises et écossaises. Mields, Les Amis de Philippe.

Ces « chansonnettes », écossaises ou anglaises, ont bien du charme, dans leurs textes mélancoliques et sombres, aussi éloignés qu’il se peut de ce qu’on entend par « chansonnette » et la musique de Haydn, interprétée ici par l’ensemble orchestral « les Amis de Philippe » (piano, particulièrement « inspiré », celui de Ludger Rémy, augmenté de violon et violoncelle, Eva Salonen et Gregor Anthony) est fort éloignée, on le pense bien, du folklore qu’on pourrait imaginer. Il s’agit de poèmes dus à la dame Anne Horne, épouse Hunter, qui publia ses « Chansonnettes », en 1765, dans la revue d’Edimbourgh The Lark, avant que Haydn s’en emparât pour les mettre en musique et les publier en 1794. Le charme, c’est surtout celui d’une voix unique, celle de Dorothee Mields, aussi candide, pure et « innocente » que son visage de Madone, linéaire d’abord et fermement – même : implacablement – conduite, pour s’épanouir bientôt en un vibrato ensoleillé. On songe, irrésistiblement, au concerto pour voix et orchestre de Glière, dans la voix d’Evgenya Mirochnitchenko. Grâce à un phrasé médité, retenu, caressé l’on dirait, puis délivré voluptueusement, cette artiste force l’attention et la captive. Pas besoin d’en dire plus : écoutez ! (Danielle Porte)