Chostakovitch : Symphonies n° 9 & 15. Boreyko.

Nouveau volume de l’intégrale Chostakovitch du magnifique Andrey Boreyko (qui vaut bien Gergiev), ces deux nouvelles symphonies en live du Liederhalle de Stuttgart. Brut. Sans coupures ni retouches. Là encore Boreyko emporte le morceau. Par sa compréhension indubitable du texte, sa générosité partagée avec un orchestre (le RSO de Stuttgart), on l’a dit, capable de tout. Epatante Neuvième. Cette « scherzo » symphonie rappelle le style éclatant de Prokofiev et cultive sarcasmes et ironie. La bruissante plaisanterie de l’Allegro et la mécanique crantée du Presto, sont menés avec détachement et franchise. Boreyko fait du Moderato un mystère, une énigme qu’il est seul à décrypter ainsi, par la sensualité inouïe des timbres et la ponction des silences. Il ne desserre jamais l’étreinte avec l’orchestre et accompagne le cuivre solitaire. Le Largo impressionne vraiment. Et même la ridicule mais digne farandole du final est enlevée tambour battant. Salves d’applaudissements du public, enthousiasmé par tant d’intelligence et de faconde. Dans la quinzième et ultime symphonie, ouvrage limpide truffé de citations, la forme labyrinthique des mouvements forts (Allegrettos, Adagios) ne lui échappent pas. Les enchaînements non plus. Boreyko sait toujours où il entraîne son orchestre. Il ne donne pas trop mais ne retient jamais. Gratitude réciproque. L’intégrale se hisse décidément très haut. (Jérôme Angouillant)