Haydn : Die Schöpfung (La création). Schäfer, Schade, Schmidt, Rilling.

Composée par Haydn à 66 ans pour les viennois, « La Création », en dépit de son livret faiblard (Ecrit par le mécène de Haydn à Vienne, le baron Von Swieten d’après Milton), vaut surtout pour ses intermèdes orchestraux, ses chœurs grandioses, ses airs aux mélodies simples (cousines de l’opéra) et son harmonie novatrice. D’un classicisme élégant, gorgée d’un humanisme neuf et triomphant, l’œuvre annonce déjà l’oratorio romantique. A défaut d’avoir un projet d’interprétation original, Helmut Rilling dirige chaque épisode de cette œuvre narrative avec méthode et circonspection. Mais aussi avec l’humilité et la ferveur du serviteur. ll connait si bien son ensemble de Stuttgart qu’il en fait ce qu’il veut , maitrisant de façon virtuose les nuances dynamiques (Le crescendo monumental du prélude). Tout les chœurs fugués sont promptement menés. L’ascendant orchestral et choral domine cette version. Coté chanteurs, ils assurent leur airs avec plus ou moins de réussite. Il est vrai que les « personnages » sont très peu caractérisés. Le duo entre Adam et Eve (n°30) est élégiaque à souhait. Le Raphaël de Michael Schade, solidement planté, est parfois en difficulté (airs n°6 et 23) et Christiane Schäfer met son joli timbre acidulé au service de Gabriel. Quant à Andreas Schmidt, il est efficace en Uriel mais hélas sans passion. (Une pensée à Fritz Wunderlich et à Werner Krenn qui se complétaient si bien dans la version Karajan). Rendons grâce à Helmut Rilling, qui, avec le Bach Collegium et le Gächincher Kantorei continue avec autant de passion que d’opiniâtreté, de défendre la musique sacrée d’hier et d’aujourd’hui. Son credo de musicien coïncide si bien avec le message de l’œuvre de Haydn : « La musique recèle une force qui étreint les peuples, qui réconcilie les cultures et les religions différentes. » (Jérôme Angouillant)