Le texte extrait des Lamentations du prophète Jérémie évoquant la destruction de Jérusalem en 587 avant J.C. à cause des péchés d’Israël a généré une tradition musicale féconde depuis le Moyen-âge jusqu’à nos jours. Temps fort de son histoire, le règne de Louis XIV verra le genre Lamentations se décliner en Leçons de ténèbres, un de ces particularismes français n’amoindrissant en rien la force émotionnelle dépassant le sujet : les sentiments de perte et de désolation sont universels. En revanche, l’acclimatation de ses caractéristiques narratives et symboliques au cadre du service liturgique luthérien aboutit à une mise en situation difficilement comparable. Comme pour appuyer cette singularité, seuls les chœurs d’ouverture des cantates BWV 46 et 102 – Bach en composa trois autour de ce thème entre 1723 et 1726 – utilisent un texte issu des Lamentations de Jérémie. Le choix d’introduire entre ces deux cantates des extraits d’œuvres contemporaines (1722) aussi significatives que les Lamentations de Zelenka, ce maître tchèque tant admiré de Bach, relève d’une orientation esthétique et spirituelle d’autant plus estimable, quand bien même la rareté d’une telle démarche au disque favoriserait beaucoup cette perception. Le rapprochement de styles et de formes si différents ne s’offrit sans doute pas d’emblée comme une évidence. L’interprétation est le digne reflet de cette recherche d’unité dans la cohabitation (allemand/latin, contrepoint/monodie). La facture instrumentale colorée, parfois inusitée, est valorisée dans ses contrastes par succession ou juxtaposition de timbres, lesquels envoûtent ici par leur beauté. L’équilibre obtenu avec les voix est optimal et la réalisation de l’ensemble, sobre sans être pour autant terne ou effacée. (Pascal Edeline)
Lamentationes – Bach, Zelenka : Cantates. Il Gardellino, Ponseele.
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate Schauet doch und sehet, ob irgendein Schmerz sei, BWV 46
Cantate Herr, deine Augen sehen nach dem Glauben!, BWV 102
Jan Dismas Zelenka (1679-1745)
Lamentatione I pro die mercuri sancto, pour basse, 2 hautbois, basson, cordes et basse continue
Lamentatione II pro die veneris sancto, pour alto, 2 hautbois, basson, cordes et basse continue
Damien Guillon, alto
Marcus Ullman, ténor
Lieven Termont, baryton
Il Gardellino
Marcel Ponseele, direction
20,90€
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