Alfred Schnittke : Concertos pour alto et pour violoncelle. Bashmet, Gutman, Rozhdestvensky.

Gennadi Rozhdestvensky, proche parmi les proches d’Alfred Schnittke aura été son interprète historique, dès l’apparition de la Première Symphonie. Il luttera pied à pied avec la censure et les imbéciles du Ministère de la Culture pour imposer l’œuvre radicale du plus grand compositeur de la période soviétique. Revoir paraître les gravures princeps du Concerto pour alto et du Premier concerto pour violoncelle par ceux à l’intention desquels ils furent écrits me replonge dans cette nuit noire ou un orchestre de spectres accompagne leurs déplorations. Autant le Concerto pour alto est lyrique, irrémédiablement mélancolique même dans ses instants de stridence, autant celui pour violoncelle est tragique jusqu’en ses effroyables climax : Natalia Gutman y est bouleversante, ne serait-ce pas son plus fort disque ? On n’entre pas ici sans avoir été prévenu, et l’avertissement de Dante s’impose : abandonnez tout espoir, ces deux Concertos sont les visages différent d’un même enfer, vous ne trouverez pas de meilleurs guides que les interprètes assemblés ici (Discophilia – Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)