Berg, Strauss, Schoenberg : Lieder. Boog, Lakner.

Après un enregistrement consacré à Hindemith (Das Marienleben, 2014), le directeur du Festival Lehar de Bad Ischl (Autriche) et la soprano suisse prolongent ici un récital donné le 16 août 2015. Le programme obéit à une réelle cohérence grâce aux trois compositeurs présentés ici (œuvres s’étendant de 1897 à 1908) : aux évocations d’une sensibilité toute panthéiste et nocturne de Berg, succèdent les femmes-fleurs illustrées par Strauss, lesquelles cèdent la place aux personnages des scènes moins innocentes proposées par Schoenberg (manque ici, pour des raisons d’instrumentarium, Das Nachtwandler) avant un retour à Strauss qui vient récapituler et unifier les différentes atmosphères : le désir (Verlangen) dans ses principales acceptions. Si l’interprétation live restitue l’indéniable engagement des interprètes, une plus grande souplesse vocale permettrait une meilleure restitution des nuances, notamment dans Berg : le tempérament de la soprano, qui s’est illustrée dans le répertoire baroque, l’opérette et les œuvres relevant d’un premier Romantisme, semble la porter plus aisément ici vers les pièces écrites par Schönberg pour les « petites planches » (Brettl) du cabaret de von Wolzogen que vers la sombre densité bergienne ou la virtuosité straussienne. (Alain Monnier)