C.P.E. Bach : Grandes cantates festives. Mauch, Oitzinger, Ludwig, Olry, Klapprott.

Succéder à Telemann en tant que Directeur de la musique à Hambourg représente pour C.P.E. Bach un changement considérable après les vingt-huit années passées à Berlin. Sa nouvelle situation peut alors se comparer à celle que son père connut à Leipzig : « Ses activités seront (…) considérables, avec notamment une moyenne de deux cents exécutions musicales par an dans les cinq églises, sans oublier la musique sacrée à l’école, les musiques funèbres, les cantates pour les fêtes religieuses, l’intronisation de nouveaux pasteurs (…)» (Marc Vignal, Les fils Bach, Fayard). C’est à cette dernière fonction que sont rattachées les deux cantates présentées ici en première mondiale. Ce n’est nullement ignorer ni remettre en question leurs qualités parfaitement adéquates que de constater la distance qui sépare le génie individuel créateur de nouveaux mondes dans la musique instrumentale du pourvoyeur de passions et de cantates à profusion rarement habitées par cette intensité caractérisant sonates, concertos et symphonies mais aussi un chef d’œuvre comme Les Israélites dans le désert. « Pour les autorités municipales, la quantité et la nouveauté, réelle ou supposée, comptent plus que la qualité.» (Marc Vignal, Les fils Bach). L’auditeur germanophone saura savourer les subtilités rhétoriques « en situation ». Une écoute plus « naïve » retiendra surtout la beauté des chorals, de l’aria « Sei fromm, mein Sohn » (n° 13) auquel son accompagnement limité aux cordes avec sourdines donne ce caractère mystérieux comme en écho à certains adagios de concertos écrits la même année (1771), peut-être aussi l’effet de puissance des chœurs favorisé par les trois trompettes et les timbales que justifiait la solennité du contexte de création. Soucieuse d’équilibre et de clarté, la prise de son valorise l’éclat, le brillant et le relief obtenus. L’ensemble choral et orchestral cofondé par Bernhard Klapprott à Weimar en 1999 donne une interprétation sans faille et engagée. Références inchangées dans le catalogue de la musique vocale composée à Hambourg : Les Israélites dans le désert, Les Dernières Souffrances du Sauveur, Résurrection et Ascension de Jésus. (Pascal Edeline)