La bella Minuta. Mélodies italiennes pour cornet, 1600. Dickey, Tamminga.

Le cornet, appelé aussi « cornet à bouquin », est un instrument à vent au corps arqué ou sinueux en bois recouvert de cuir, ou en ivoire, percé de trous et pourvu d’une embouchure conique en ivoire, en os ou en bois dur, qui lui vaut d’être classé de nos jours parmi les cuivres alors qu’aucune partie de l’instrument n’est en métal. Répandu en Europe depuis le Moyen Age, il a connu son apogée vers 1600, époque où, d’instrument d’ensembles à vent il a commencé à être de plus en plus apprécié en soliste. Les contemporains étaient d’ailleurs unanimes à louer à la fois ses capacités expressives lui permettant d’imiter les plus fines nuances de la voix humaine, et son agilité qui donnait aux virtuoses de l’instrument l’occasion de démontrer leur talent dans l’exécution et surtout l’improvisation de toutes sortes de « passagi » et de diminutions (variations en valeurs courtes à partir d’une mélodie donnée) imitant là aussi les meilleurs chanteurs. On ne s’étonnera pas qu’un art empruntant l’essentiel à la vocalité ait été pratiqué essentiellement en Italie, ce que démontre à la perfection Bruce Dickey dont la renommée et le talent de cornettiste virtuose ressuscitent pour nous ici cet art raffiné. Ce programme rafraîchissant alterne des œuvres destinées à l’église et accompagnées à l’orgue par Liuwe Tamminga (partenaire de Bruce Dickey dans plusieurs autres enregistrements) et des pièces plus intimistes où trois violes de gambe et une harpe donnent la réplique au cornet. On ne s’étonnera pas que certains des morceaux aient été à l’origine écrits pour la voix, prouvant s’il était besoin qu’il ne manque décidément au cornet que la parole… (Jean-Michel Babin-Goasdoué)