Une dizaine de versions des « Brandebourgeois » ou des Passions dans sa discothèque est un de ces excès somme toute raisonnables face à l’infini des possibles auquel ouvrent aussi bien les richesses d’écriture que les multiples façons de les faire entendre. Les sonates pour viole de gambe et clavecin bénéficient également de cette pluralité. Le choix des instruments en est naturellement un aspect important. A mi-chemin entre un violoncelle/piano hérité de l’époque romantique et un viole/clavecin conforme à l’intitulé des partitions, l’option viole/pianoforte, peu fréquente et à nouveau choisie par les frères Ghielmi pour leur deuxième enregistrement de ces œuvres, emmène ce contrepoint sublimé par la beauté mélodique vers plus de clarté, de luminosité, de grâce. Les résonances du clavecin sont trop brèves, celles du piano trop longues. Seul le pianoforte (ici une copie d’un de ces Silbermann que Bach essaya devant Frédéric II) permet d’atteindre l’équilibre idéal. Contre toute attente, la troisième sonate revient au clavecin. Ce choix est peut-être symbolique car l’œuvre semble émaner d’une conception du contrepoint plus ancienne, « archaïque » selon la terminologie du XVIIIe siècle. Les instruments y sont exclusivement voix de polyphonie. Outre le raffinement et la grande musicalité, les contrastes d’univers sonores et spirituels sont des traits distinctifs de cet enregistrement. (Pascal Edeline) (Pascal Edeline)
Bach : Sonates pour viole de gambe et clavecin. V. Ghielmi, L. Ghielmi.
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate en ré majeur pour viole de gambe et clavecin obligé, BWV 1028
Prélude et fugue à 4 en do mineur, BWV 871
Sonate en sol majeur pour viole de gambe et clavecin obligé, BWV 1029
Prélude et fugue à 3 en do mineur, BWV 847
Vittorio Ghielmi, viole de gambe
Lorenzo Ghielmi, clavecin et piano-forte
20,90€
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