Il y a parfois des retrouvailles que je n’espérais plus. Je thésaurisais les Liszt que Jerome Rose avait enregistrés pour Vox – Années de Pèlerinage, Etudes d’Exécution transcendante, Concertos : ce jeu ardent, cette virtuosité ravageuse, ce très grand piano me transportent à chaque fois que je les remets dans la platine. Evidemment on ne joue plus Liszt comme cela, en quelque sorte toutes voiles dehors, mais attention, Rose est incapable de mauvais gout, il joue simplement avec un plaisir physique que le jeune Liszt virtuose devait également éprouver si l’on en croit les témoignages de ses contemporains. D’ailleurs pour Rose, le piano s’incarne absolument dans Liszt, au point que sa discographie lui est quasi intégralement consacrée – des Ballades de Chopin tumultueuses, une très expressive Humoresque de Schuman couplée avec une Sonate op. 14 orchestrale sont tout ce que je lui connais en dehors des œuvres du Hongrois. Pourtant, il y avait d’autres disques Liszt enregistrés pour un label dont j’oublie le nom à l’instant et les voici réunis en un triple album qui frôle le délire. Les diableries des Mephisto Valses sont soufrées à loisir, l’élégance hautaine des Polonaises très grand style, le ton halluciné des Etudes de concerts (Gnomenreigen quasiment dantesque), les irisations des Légendes, la folie digitale de La Campanella, tout cela vient me rappeler à quel point une discothèque lisztienne ne peut se passer de Jerome Rose. SI vous ne le connaissez pas dans ses œuvres, découvrez le toute affaire cessante (Discophilia – Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)

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