Raff : Quatuors à cordes n° 2, 3, 4, 8. Quatuor de Mannheim.

Joachim Raff a non seulement été le secrétaire de Liszt et l’orchestrateur de certains de ses poèmes symphoniques, il a aussi été un compositeur remarquablement fécond. Ses onze symphonies n’ont pas totalement déserté les salles de concert et les CD. Mais on connaît moins en revanche sa musique de chambre, et notamment ses huit quatuors à cordes. Voici que nous parvient un passionnant double album avec quatre partitions dont certaines inédites. Les quatuors 2, 3 et 4 relèvent d’une même esthétique : vastes pages de forme classique, d’un langage passionné, culminant dans de magnifiques mouvements lents marqués par l’empreinte de Schubert. A ces pages qui s’inscrivent dans le grand style du romantisme allemand sans démériter par rapport aux partitions de Mendelssohn, Brahms et Schumann s’oppose l’étonnant 8° quatuor, troisième de l’opus 192, un opus triple dont le quatuor de Mannheim avait déjà gravé les 6 « suite dans le style ancien » et 7 « la belle meunière ». C’est une suite de sept très brefs mouvements (l’œuvre entière dure une vingtaine de minutes) où Raff tente de faire renaître des formes du XVIII° siècle, en particulier des danses, à la façon d’une suite de Bach. Une interprétation impeccable par un grand quatuor contemporain pour une véritable découverte, incontestablement séduisante. (Richard Wander)